DANS CHAQUE SERRURE SE TROUVE DEJA LA CLE (part 2)

Publié le par petit filope

Confidences
...

La brume commençait à envahir les contours de la falaise, quelques goélands à longues queues planaient ça et là dans un silence assourdissant. Bélinda passa délicatement sa main dans ses cheveux les laissant filer entre ses doigts comme pour les aérer.

-Il fait toujours aussi lourd ici ? ou c'est juste les embruns ! quelle poisse !...

Toujours enfermé dans son mutisme, le beau marin ne laissait paraître aucune expression, son visage était comme éteint, aucune flamme n'éclairait ses deux jolies grandes prunelles. Lassée par cette attitude pour le moins cavalière, la jeune décida d'employer les grands moyens et se figea en avançant d'un pas rapide se trouvant nez à nez avec son bel inconnu.

-Est-ce que vous me voyez maintenant ou bien en plus d'être aveugle ou sourd, vous êtes également stupide!!!... je veux juste vous parler, pas vous mordre!...

Comme pétrifié, l'homme eut un léger rictus, tout de même  mais sans sourciller pour autant, rajusta sa chemise déboutonnée, remit en ordre sa frange d'un simple revers de paume et recula d'un mètre.

-D'accord ! je ne suis ni stupide ni sourd mais il se trouve que j'ai une sainte horreur que quelqu'un ose se mêler de ma vie et de surcroît improviser une visite, mais pour qui me prenez-vous !...

Stupéfaite mais pas mécontente de l'effet escompté, Bélinda ne baissant toujours pas sa garde...

-Écoutez, hier en milieu de journée, un pigeon s'est échoué sur ma terrasse avec, à sa patte, un message, et je pense, non, j'en suis absolument certaine à cette minute, que vous en êtes l'auteur...

Marco s'était assis, il avait rassemblé ses mains autour de sa nuque et tout en se dandinant se mit à réciter une à une les phrases couchées sur le petit morceau de papier et à la fin il ajouta...

-Je n'oublierai jamais son parfum, il me hante et me poursuit, même l'odeur de la marée pourtant persistante n'arrive à couvrir la fleur de jasmin, si tenace et envoûtante... Je suis ivre de son absence et je voudrais m'endormir à jamais...

... Un long silence...

Bélinda se sentit si seule pour la première fois de la journée, qu'avait t-elle fait, mais quel genre de monstre peut infliger une telle sanction, qui était t-elle pour oser remuer de tels souvenirs, qu'était t-elle venue chercher in finae ?

S'avançant à tâtons vers lui...

-Je suis désolée, je ne voulais pas vous faire de la peine, croyez-moi ! je suis sincère, laissez-moi vous aider, allez, rentrons nous réchauffer, vos mains tremblent...

...

Les bûches ne mirent pas longtemps à s'embraser, le chant des flammes dans une cheminée en plein mois de juillet était très romantique. Au dehors, la brume avait vaillamment laissé place à un timide soleil et le goéland avait regagné son nid. Dans cette pièce au plafond bas, étaient disposées, comme dans un musée, de rares maquettes de gréements ,et aux murs, penchaient de magnifiques huiles et aquarelles ayant pour thème, la mer...

-C'est vous qui peignez, quel talent!!! magnifi...
...
-Elle aimait tant la mer...le matin, elle s'asseyait là, devant cette fenêtre, même avant d'avoir bu son café, elle peignait, les cheveux en bataille, sa blouse blanche ouverte un peu aux hanches, elle peignait, quelques fois et si souvent, ne m'adressait pas la parole tant que son oeuvre ne prenait pas forme...elle peignait la nuit pendant l'orage de chaleur, le jour et à toutes heures... elle peignait inlassablement elle peignait...
...

Bélinda eut envie de sortir son calepin pour y noter quelques passages en abrégé, mais par pudeur elle n'en fit rien...

-Que s'est t-il passé ?

Marco leva les yeux et érigea un index vers la pendule qui affichait 5 heures 40...

-C'est à cette heure là qu'elle est partie, six heures moins vingt minutes exactement, j'ai arrêté de la remonter depuis, un samedi matin, j'ai juste entendu claquer la porte, le jour de la tempête, un grain comme on dit ici, des creux de 7 ou 8 mètres, et le vent qui hurle dans vos oreilles comme des cris persans, j'ai tenté de la  rattraper mais en vain, les embruns et le vent, il faisait à peine jour en plus, et depuis ... plus rien... disparue...

Bélinda abasourdit par un tel récit eut soudain très froid et jeta un châle sur ses épaules...

-Mais ! vous ne l'avez jamais revu depuis, ni cherché, c'est mystérieux tout de même, non? 

L'homme avait rejoint la cheminée pour y ranimer le feu...

-Vous êtes souffrante, on dirait que vous êtes fiévreuse, vous voulez un thé chaud ?

Bélinda tremblait maintenant, une drôle de sensation l'envahissait en effet, comme pour les prémices d'une grippe...

-Je veux bien oui ! sans sucre s'il vous plaît... Mais racontez -moi la suite, je vous en prie, je veux savoir pourquoi je suis ici et qu'est ce qui me fait croire que cette histoire à un étrange lien avec ma propre vie...

Le tisonnier encore fumant à la main, Marco avait saisi un morceau de sucre et le coinça entre les deux tiges de l'outil, de ce contact,  dégoulinait un long filet de caramel en chapelet jusqu'au fond d'une tasse en porcelaine bleue très fine dans laquelle il versa un thé très odorant, un thé au jasmin...


à suivre...


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H
<br /> Ah non ! Beurk ! J'ai horreur des comedies musicales !<br /> Le jour ou je trouverai le temps, la serenite et un environnement propice, je me lancerai peut-etre dans l'ecriture d'histoires. Pour le moment, tout ca me fait defaut. Qui sait ? Peut-etre quand<br /> je serai au chomage, si j'ai l'esprit a ca...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Moi aussi j'ai horreur des comédies musicales, c'était juste un clin d'oeil ! retourne à tes fonds sous-marins et fais nous encore rêver avec tes belles photos, bons baiser,<br /> flo<br /> <br /> <br />
H
<br /> P.S. J'ai des souvenirs d'un parfum associe au the au jasmin, entoures de silence, de regards et de mains... Mais il y avait parfois aussi autre chose d'important pour moi : de la musique.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Alors tu devrais te lancer dans les comédies musicales...West side story, horreur pictures show, flashdance, fame, footlose, dirty dancing, à la salade je suis malade;..!!!;;;;:::,,<br /> <br /> <br />
H
<br /> Tu es en train de faire un exercice qui me tente depuis des annees.... Les scenarii sont entasses un peu n'importe comment dans ma tete. Quelques feuilles noircies sont dans une chemise cartonnee<br /> et quelques fichiers sont dans un dossier virtuel...<br /> J'aime les ambiances un peu troubles et les silences qui s'ecrivent avec des "..." dont j'ai tendance a abuser... La Bretagne m'a marque humainement, moralement, spirituellement. Les longues<br /> marches solitaires dans la lande ou en bord de mer, par tous les temps, surtout par tous les temps... Moi qui ne suis plus vraiment de quelque part, j'ai ete confronte a une experience de vie<br /> envoutante que j'ai eu peine a quitter.<br /> Il faut sauvegarder les mysteres. Je vais d'ailleurs essayer d'en parler prochainement dans un media. Il y a une image de moi sur mon blog mais elle date un peu (34 ans je crois). Je t'indiquerai<br /> peut-etre avant le debut de cet hiver ou en trouver une plus recente de moi, si tu le souhaites.<br /> Ah oui, j'oubliais, j'ai un probleme avec les cheveux longs et les mains : ca me fait reagir emotionnellement assez fortement... Alors quand en plus ils s'activent dans un silence...<br /> J'attends la suite...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Alors il faut développer ton expérience en la relatant sur une toile, laisser ton imagination la transposer en fiction, tu n'as pas besoin de te citer mais tout simplement inventer un personnage<br /> qui se rapproche de ton profil, tu sais l'inspiration + un soupçon de vécu font de belles phrases, et puis un chapitre puis deux puis au final un joli petit bouquin, par exemple le titre fut<br /> inspiré d'une réplique dans un mauvais film et alors ! tu sais c'est comme à l'école : sujet, verbe, complément, conjonction de coordination, point, virgule, préface, épilogue....un grand gaillard<br /> comme toi peut y arriver, je suis sure...<br /> biz<br /> <br /> <br />